En Belgique, la part de la richesse détenue par le 1 % le plus fortuné dépasse celle des 50 % les moins aisés réunis. Selon Oxfam, les dix principaux milliardaires belges contrôlent à eux seuls près de 40 milliards d’euros, concentrant en quelques mains une puissance économique sans équivalent dans le pays.
La fiscalité sur la fortune reste l’une des plus faibles d’Europe occidentale, malgré des débats récurrents sur la redistribution et la justice sociale. Une poignée de dynasties familiales façonnent durablement le paysage économique et politique, alimentant des inégalités qui interrogent la cohésion nationale.
Qui sont les grandes fortunes belges et d’où vient leur richesse ?
La Belgique ne rivalise pas en nombre de milliardaires avec la France ou la Suisse, mais la poignée d’ultra-riches du royaume concentre une force financière hors normes. Les dix principaux noms du classement Forbes incarnent la diversité des grandes fortunes belges : héritages industriels, empires brassicoles, réussites personnelles fulgurantes. Derrière chaque fortune, une histoire de famille, parfois une saga discrète, parfois des paris audacieux sur l’industrie ou la finance.
La famille Frère, basée à Bruxelles, règne sur la holding GBL, véritable centre de gravité de l’économie nationale. Leur richesse, évaluée à plusieurs milliards d’euros, s’est bâtie en toute réserve, mais aucun secteur stratégique ne leur échappe : télécommunications, énergie, services financiers. Juste derrière se dressent les familles de Spoelberch et de Mevius, héritières du mastodonte AB InBev. Leur nom rime avec puissance, leur patrimoine avec stabilité, et leur influence s’étend bien au-delà de la Belgique.
Mais le top 10 ne s’arrête pas aux grandes familles historiques. Certaines fortunes se sont construites à l’écart des projecteurs, sur l’immobilier ou la chimie, comme la famille Janssen avec UCB (pharmaceutique), ou sur la fibre textile, domaine où Luc Tack s’est imposé comme un nouvel acteur incontournable. La majorité des centres de décision restent ancrés à Bruxelles, mais la tendance à l’internationalisation se confirme : plusieurs fortunes choisissent de déplacer une partie de leur patrimoine vers la Suisse ou d’autres bastions financiers.
Voici les piliers qui structurent la puissance financière de ces familles :
- GBL : la holding de la famille Frère, pilier incontournable de la finance belge
- AB InBev : géant mondial de la bière, source principale de la fortune des Spoelberch et de Mevius
- UCB : acteur mondial du médicament, propriété de la famille Janssen
Au final, ce qui distingue ces grandes fortunes, c’est la pluralité de leurs secteurs d’origine, la force des héritages et une capacité à investir bien au-delà des frontières nationales. Ces riches belges pèsent plusieurs dizaines de milliards d’euros, modifiant en profondeur le visage économique du pays.
Inégalités économiques : ce que révèlent les chiffres sur la concentration de la fortune en Belgique
Les chiffres dévoilent un paysage inégalitaire rarement vu en Europe de l’Ouest. Selon le dernier classement Forbes milliardaires, les dix plus grosses fortunes du pays cumulent plus de 42 milliards d’euros. À Bruxelles, l’influence de quelques familles dépasse de loin la simple gestion patrimoniale : elles orientent les stratégies d’investissement, influencent la répartition des capitaux, et impriment leur marque sur les secteurs clés de l’économie.
Le contraste devient frappant si l’on compare ce sommet de la pyramide à la base : à peine 0,1 % des Belges détiennent une part gigantesque du capital national, tandis que la moitié la moins fortunée se partage moins de 10 % du patrimoine global. Ce déséquilibre se voit aussi dans les conseils d’administration, où siègent souvent les mêmes lignées, qu’elles soient issues d’anciennes dynasties ou de nouveaux entrepreneurs.
Malgré sa taille modeste sur l’échiquier international, la Belgique surprend par sa capacité à engendrer des fortunes XXL. Les investissements se concentrent autour de Bruxelles et de quelques bastions industriels, créant une dynamique de croissance effrénée mais aussi un creusement des écarts. Les transactions à l’international se multiplient : des montants de plusieurs millions d’euros quittent le pays, renforçant la présence belge dans le club des grandes fortunes européennes.
Taxer les milliardaires : quelles solutions pour une société plus équitable selon Oxfam ?
La taxation des grandes fortunes s’impose désormais comme un enjeu de société, alimenté par les rapports d’Oxfam. L’organisation souligne un fait : en Belgique, comme ailleurs, l’accumulation des richesses par une minorité, souvent issue d’un héritage ou amplifiée par des stratégies fiscales sophistiquées, creuse l’inégalité. Cette concentration du capital met sous pression les services publics et nourrit un sentiment de fracture au sein de la population.
Pour donner corps à cette ambition d’équité, Oxfam avance plusieurs propositions concrètes :
- Instaurer une taxe sur la fortune nette des ultra-riches, inspirée des expériences menées en France ou en Suisse.
- Muscler la lutte contre l’évasion fiscale, en imposant davantage de transparence sur les montages financiers internationaux.
- Diriger les recettes fiscales vers des secteurs jugés prioritaires, notamment les soins de santé et l’éducation, afin de renforcer l’égalité des chances.
L’association défend une adaptation de la fiscalité à la réalité des grandes fortunes d’aujourd’hui. Les profils des dix plus riches de Belgique témoignent d’une diversité de parcours : héritiers d’industries centenaires, investisseurs globaux, propriétaires de groupes multinationaux. Ce qui les rapproche, selon Oxfam, c’est un environnement fiscal où la progressivité s’efface au fil des zéros qui s’ajoutent à leur patrimoine.
Le débat ne se limite pas à la Belgique. Partout, la discussion s’intensifie, portée par l’exemple de figures comme Jeff Bezos ou Bernard Arnault. Mais la question reste entière : comment repenser la fiscalité pour soutenir l’intérêt général, sans décourager l’innovation ni la prise de risque ? La réponse, elle, ne tient certainement pas entre les mains d’un petit cercle, aussi influent soit-il.

